Pierre-Ivan Didry
Après des études de design, j'opte pour un Diplôme de Métiers d'Art spécialisation sculpture métal, rejoignant ainsi ma passion pour le travail de ce matériau. Je suis sculpteur depuis 1992, installé à Bordeaux et ma découverte de cette matière ne cesse de s'enrichir. L'association du mouvement et des structures en métal tout d'abord, des mouvements aléatoires inspirés de la nature. Cette même nature modèle mes sculptures. La vie s’imprègne et les forces de l’air, du vent, de la pluie, du soleil, du froid, de la tempête, vont à leur tour sculpter l’œuvre.
La matière elle-même est aussi source de mon inspiration. Rendre le métal doux, léger, sensuel. Je le lisse, le découpe pour en faire des mobiles. J'aime ajouter des performances liées aux lois physiques dans mes mobiles. Ainsi leur équilibre fonctionne en montant mes éléments (au-dessus du centre de gravité) et non en suspension.
Mon expérience en Afrique détermine aussi certaines de mes œuvres. Je crée alors des pièces inspirées de formes organiques, en suivant la logique de protection ou de fonctionnement d'un organisme vivant. Le dedans est aussi important que le dehors (ce que l'on voit). Ce travail est influencé par mon expérience émotionnelle africaine des objets animistes tribaux. Ces sculptures sont “animiques” car animales, tribales, symboliques.
Aujourd'hui l'objet de ma création est une vision du monde plutôt que le mouvement du monde et la matière. Mes sculptures nous projettent dans un temps sans temporalité, un espace d'émotion nous reliant à notre humanité. Des objets étranges s'amalgament ensemble sans aucune utilité immédiate, évoquant pourtant un passé toujours présent et un présent issu du futur. L'apocalypse semble être passée par là. Notre besoin de donner une continuité pour maintenir le sens de notre existence. Restaurer pour ne pas oublier sans en comprendre la signification. Une archéologie futile et utile. Évoquer sans décrire pour réfléchir et rêver.
(Dans mes œuvres, je cherche à nous projeter dans un temps sans temporalité, un espace d'émotion nous reliant à notre humanité.)
ARTISTE INVITÉ
Chez Pierre-Ivan Didry
Camille Royer
Le métal est devenu la colonne vertébrale de ma pratique artistique. Mes premiers souvenirs des métaux remontent à mon enfance, de ce temps où je
jouais avec les outils de mon père.
De nos escapades à son atelier de maroquinerie jusqu’ aux chantiers nautiques dans lesquels je l’accompagnais, le métal artisanal et industriel, commun, m’ est devenu familier.
Toucher, sculpter et assembler cette matière sonore, conductrice me fascine. Aujourd’hui je crée et joue avec mes propres outils.
Des sculptures miniatures aux installations in-situ, j’accorde les métaux au féminin, m’attachant de près à leurs carnations.
Les associant aussi à la céramique ou au papier. Pigments, patines, martelages, cintrage,pliages... autant de techniques dont je fais usage pour comprendre cette matière paradoxale, multiple par nature.
Transparaît en filigrane, la question de la représentation du féminin et des systèmes de pensées qui en découlent. Le corps tel un carrefour des luttes, un territoire politique qu’il a fallu comprendre, puis défendre et apprendre à mettre en scène.
Progressivement ce sujet forge la ligne directrice de mon travail au contact d’expérimentations poétiques.
Ma démarche est aussi ponctuée d’initiatives autodidactes et d’expériences partagées à de nouveaux médias d’expression, tels que l’écriture collective, la performance, la mise en place d’ ateliers pédagogiques et de partenariats artistiques.
Je crée des instruments corporels, et considère ainsi le bijou comme un artefact demémoire et de transmission.
L’art à porter est une façon de voir naître entre le corps et la matière un lien privilégié, intime et complice entre le porteur et la création.